L’abrogation du dispositif « Jeune Docteur » intégré au Crédit Impôt Recherche est un frein pour le développement des petites entreprises innovantes. Cette affirmation n’est pas juste une conviction, c’est le fruit de notre expérience d’entrepreneur·ses à Adoc Mètis.
En France, la dépense intérieure en recherche et développement est à 2,2% du PIB loin de la moyenne des pays de l’OCDE (2,7%) et loin derrière la Belgique, l’Allemagne ou la Suède qui ont dépassé l’objectif fixé de 3% dans le programme Horizon 2020.
En France, plus de 99% des entreprises sont des TPE, tout comme nous. Lorsque nous avons lancé notre projet entrepreneurial, le challenge était considérable : nous étions sur un champ d’activité complexe, auprès de clients forcés à une mutation rapide. Le choix de nous adosser à l’expertise de jeunes chercheur·ses a été vital. Le dispositif « Jeune docteur », qui faisait payer par l’Etat l’essentiel de l’activité de R&D portée par des docteur·es nouvellement recrutées pendant les 2 premières années de leur CDI, a permis de recruter des personnes talentueuses en leur donnant l’opportunité de développer des connaissances pointues, adaptées à notre activité. Ce faisant, iels nous ont permis de développer notre activité, d’anticiper les évolutions des besoins de nos client·es et de leur proposer des contenus de haut niveau. Sans ce dispositif, nous n’aurions jamais eu les moyens de réaliser ces travaux de recherche. Pendant ce temps, beaucoup de nos concurrent·es proposent des solutions basées sur des pseudosciences, non fondées scientifiquement et capables de créer plus de problèmes que de solutions pour leurs clients au risque d’une défiance qui pourrait faire du mal à tout notre secteur d’activité.
Concrètement, pour une entreprise comme la nôtre, ce choix d’abrogation limite nos capacités de prendre des risques, d’anticiper les transitions de notre domaine d’activité. Ce dispositif méconnu des TPE (et souvent uniquement pensé pour la R&D en sciences techniques) était un dispositif utile.
Aujourd’hui le niveau d’incertitude dans lequel naviguent les organisations est maximal. Est-ce le moment de fermer les yeux et de se contenter de faire comme si de rien n’était ou est-ce le moment d’investir dans la compréhension fine des enjeux? Encore faut-il en avoir les moyens… Aider le tissu entrepreneurial des TPE et PME à s’équiper des seules ressources capables d’envisager profondément les transitions, ce n’est pas un gaspillage de ressources… c’est un soutien stratégique.